La prière persévérante Luc18.1-8
Parmi les nombreuses questions que se posent les chrétiens le sujet de la prière persévérante est l’un des plus grands. Comme le dit Andrew Murray, « qu’il faille quelquefois supplier le Seigneur , lui si miséricordieux, qui ne demande qu’à bénir, pendant des jours, des mois voire des années avant de recevoir aucune réponse, c’est pour nous bien dur à comprendre et d’une difficulté réelle dans l’exercice de la prière de la foi. »
Quand on se pose la question de la prière on est forcément à un moment ou un autre confronté au doute, à l’échec et à l’abandon.
Vous connaissez l’histoire de ce touriste qui observe un juif pieux en train de prier près du mur des Lamentations à Jérusalem. L’homme se balance d’avant en arrière les yeux fermés, il se frappe la poitrine et lève parfois les mains. Quand il a fini de prier le touriste lui demande :
-Pour quoi priez vous ?
-Je prie pour la justice, pour la santé de ma famille. Je prie pour la paix dans le monde, surtout ici à Jérusalem.
-Ces prières sont elles efficaces ?
-C’est comme parler à un mur ».
Avouons-le, nous avons tous ressenti un jour ou l’autre cette impression d’impuissance qui nous a fait renoncer à continuer de prier : « A quoi bon ? ».
Pourquoi réagissons-nous ainsi?
Andrew Murray donne la définition suivante de la prière :
« Qu’est-ce que prier ? Prier c’est demander à Dieu une grâce précise, la demander avec foi, avec persévérance, avec insistance, peut-être pendant des jours et des nuits ( et je rajoute, des semaines , des mois, voire des années) à certaines époques (et je rajoute « au nom de Jésus »).
Le même auteur écrit : «La prière est le pouvoir par lequel se produisent des choses qui autrement n’auraient pas eu lieu ».
La Parole nous assure que Dieu peut changer, qu’il se laisse influencer par nos prières. A quatre reprises dans l’AT Dieu affirme qu’il changea d’avis, qu’il regretta et que chaque changement évita un châtiment annoncé: voir Jonas 3.10.
De ces deux définitions (et à la lumière du texte de Luc) je peux déjà déduire plusieurs critères nécessaires à l’exaucement de la prière :
- Faire partie des élus (« choisis par Dieu ») donc être chrétien.
- Qu’elle soit précise
- Qu’elle soit faite avec foi. Si je ne crois pas à ma prière ou à son exaucement, si je ne crois pas que Dieu pourra me répondre alors ne priez pas.
- Qu’elle soit faite « au nom de Jésus », « tout ce que vous demanderez en mon nom »
- Que la demande soit juste aux yeux de Dieu (encore faut il qu’elle le soit)
- Que la prière soit persévérante, « jour et nuit ». Paul reprendra : « Priez sans cesse » (1 th 5.13)
· La veuve représente l’homme qui prie
· Le Juge représente … Dieu
· L’adversaire représente… vous savez qui ?
- Dieu
2. La veuve
La veuve représente « l’homme » qui prie, avec ferveur et foi parce qu’Il sait que sa cause est juste et entendable. « Défends mon droit » ou bien « fais-moi justice ».
Comme le dit quelqu'un : (Dans la Bible) « la prière ressemble plus à un marchandage sur la place du marché qu’aux monologues polis de l’Église ».
La veuve ne demande pas, elle exige.
Elle ne chuchote pas, elle hurle.
Plusieurs passages montrent des hommes de foi en lutte avec Dieu (Moise, Jacob) ou d’un marchandage (Abraham). Ph. Yancey utilise l’image d’un démarcheur qui doit mettre son pied dans la porte pour se faire entendre.
Cela illustre le premier obstacle auquel se heurtent les personnes qui prient sans recevoir de réponse :
- · Soit ils pensent que leur prière n’en vaut pas la peine et n’y mettent pas toute la conviction nécessaire
- · Soit ils s’imaginent que leur prière n’est pas dans la volonté de Dieu et abandonnent
- · Ou tout simplement ils ne prennent pas le temps nécessaire ni même la chose au sérieux
On pourrait traduire cela par un manque d’opiniâtreté. Je prie sans y mettre toute la conviction nécessaire.
Le deuxième obstacle est un travers des sociétés post-modernes qui pénètrent l’Église : l’impatience
- La génération « fast food ». Qui prie plus de 5’/jour
- Le « tout, tout de suite » peut influencer notre façon de penser et donc nos prières. Je prie quelques jours et je laisse tomber si cela ne se réalise pas
Rien d’anormal, la Bible l’avait prévu :
2 P3.4 Sachez tout d’abord que, dans les derniers jours, des moqueurs viendront, qui vivront au gré de leurs propres désirs. Ils tourneront votre foi en ridicule en disant :
4 « Eh bien, il a promis de venir, mais c’est pour quand ? Nos ancêtres sont morts et depuis que le monde est monde, rien n’a changé ! »
Cela est ruse et chuchotement du diable qui nous attiédit.
La réponse de Pierre :
8 Mais il y a un fait que vous ne devez pas oublier, mes chers amis : c’est que, pour le Seigneur, un jour est comme mille ans et mille ans sont comme un jour.
Jacques va dans le même sens : Jc 5.7 Soyez donc patients, frères jusqu'à l'avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu'à ce qu'il ait reçu les pluies de la première et de l'arrière-saison.
Notre génération ne connait pas forcément les saisons. On peut manger des tomates toute l’année mais nos parents savaient le prix de l’attente de la récolte. L’enfant va se saisir du fruit encore vert quand le sage attend qu’il soit mûr. Le secret de la persévérance et de la prière exaucée se trouve dans la foi et la patience. Qui est un fruit de l’esprit.
Le troisième obstacle concerne nos motivations. Sont-elles toujours bonnes ?
Par la prière persévérante Dieu va nous mettre à l’épreuve.
Petit à petit, dans l’exercice de la prière nous allons progresser car le St esprit va nous éprouver. Disons-en quelques mots :
Plus nous prions plus nous apprenons à prier. A l’école de la prière si nous sommes attentifs a l’Esprit et le laissons nous diriger, il va nous ciseler, nous modeler, notre volonté va progressivement rejoindre Sa volonté. Notre prière se fera plus précise, plus ajustée, nous en gommerons les aspérités : « Est-ce que tout ce que je demande est juste ? », plus nous rentrons dans sa présence et plus il va nous parler, nous guider, mettre le doigt sur quelques sujets de confession, jusqu’au moment où nous serons mûrs et prêts être cueillis.
Quelques exemples:
- Imaginons un pasteur qui demande à Dieu le réveil de son Église. Quelle belle prière mais si au fond de son cœur ses pensées intimes sont : « Si le nombre de membres s’accroit on m’en attribuera le mérite, je serai honoré, etc.. » croyez-vous que Dieu exaucera sa prière ? il patientera plutôt jusqu'au moment où le pasteur orientera son coeur vers Lui.
- Anne (1Sa 1) a espéré avoir un fils pendant des années mais ses motivations n’étaient pas bonnes. Elle voulait un fils pour réparer son honneur sali par sa rivale. Dieu voulait un prophète. Alors « il l’a empêché d’avoir des enfants » v.5 Mais pour que Samuel devienne ce prophète il fallait une mère exemplaire (le père est aux abonnés absents). Lorsque Anne, après des années de prière a offert de le consacrer à Dieu, Il l’a exaucé.
- Ma femme a prié pour moi pendant plusieurs années, avec acharnement. Puis un jour elle a dit : « Si tu sauves mon mari, je te donnerai ma vie » alors Dieu l’a exaucé. Elle s’est retrouvée femme de pasteur.
Il connaît nos besoins et il veut y répondre promptement mais il attend aussi de voir à quel point nous tenons à notre requête, jusqu’où nous sommes capables d’aller ? et qu’allons nous perdre si notre prière est exaucée ?
Réfléchissez : si je demande à Dieu que mon fils soit sauvé suis-je prêt à le voir devenir missionnaire en Inde?
La prière est exaucée quand la volonté de l’homme rejoint celle de Dieu qu’il a fait mûrir progressivement en nous. C’est l’exemple de Jonas, Dieu l’a mis à l’épreuve jusqu’à ce qu’il obéisse.
3. L’adversaire « le grand obstacle extérieur ».
J’ai parlé de lutte avec (ou contre) Dieu dans la prière. Il serait plus juste de parler de lutte interne avec nous-même. La prière influence Dieu mais d’abord elle nous façonne, la prière persévérante nous fortifie et nous en sortons grandi. Dans l’histoire de la veuve celle-ci lutte non contre Dieu mais contre « un adversaire ». Dans la Bible l’adversaire désigne le diable. La veuve n’est pas capable par elle-même de vaincre son adversaire. Car il est plus fort qu’elle. Elle ne peut recourir qu’au juge.
Dieu veut nous aimer de tout son cœur mais il est aussi soumis à l’impartialité. Il ne peut pas aller contre ses propres règles. La parabole nous enseigne qu’il y a une lutte dans les cieux entre Dieu et les forces maléfiques et que nos prières soutiennent ce combat. Quand nous prions nous sommes partenaires avec Dieu contre l’adversaire, le Mal. Les prières de millions de personne ont fait tomber le mur de Berlin, repoussé les armées hitlériennes, ouvert la Chine au christianisme, grâce a l’Église :
Par la prière nous combattons contre les forces du mal, voilà le vrai but de la prière persévérante.
Il reste ce dernier verset : Seulement, lorsque le *Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il encore la foi sur la terre ? cette dernière question laissée sans réponse éclaire d’un jour nouveau la parabole : la veuve n’est pas qu’une personne, elle est l’Église, priant Dieu pour le retour de Son fils, inlassablement, sans se décourager (2 P), alors que l’Adversaire tente d’étouffer nos cris.
Que conclure ?
Le temps me manque pour relever tous les contours de cette parabole. Nous avons relevé trois choses :
- Dieu veut de tout son cœur répondre à nos prières. Je ne parle pas de réussir un examen ou de découvrir qui sera ma future femme ou dans quelles études je dois me diriger. Même si ces question sont très importantes, la prière persévérante est me semble t il la prière de l’Église comme partenaire de prière de Dieu dans la lutte séculaire contre le Mal. Jésus attend de nous que nous continuions le combat à ses côtés, même si le temps nous semble long et que nous puissions nous décourager.
- Par la prière insistante Dieu met a l’épreuve notre foi, notre patience. Par son Esprit il nous guide, nous aguerrit, il affine nos prières jusqu’à nous faire devenir des intercesseurs fidèles. On verra l’intercession plus en détails la semaine prochaine.
- Enfin il ne faut pas négliger dans le non-exaucement l’influence du Mal sur la terre. Il nous faut prier en tant qu’Église pour des sujets qui dépassent notre personne. Prier pour le salut de nos enfants et nos conjoints, mais aussi pour le salut de la ville, la région, l’Église persécutée, les peuples non atteints… car quand Jésus reviendra trouvera-t-il de la foi à Collonges ?
La semaine prochaine nous verrons d’autres types de prière.
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